

Tenir jusqu’au mois de novembre et ses premières pluies significatives, tel était l’objectif affiché par l’Etat face à la dramatique crise de l’eau à Mayotte. Mais l’aggravation de la situation change la donne et oblige à de nouvelles mesures, annoncées jeudi 5 octobre par le gouvernement, à l’issue d’une réunion interministérielle à Matignon : prise en charge par l’Etat des factures sur les mois de septembre à décembre, « compte tenu de la dégradation très importante du service rendu au public » ; nouvel acheminement d’eau par bateaux et tankers depuis les ports de Marseille, du Havre, et de l’île de la Réunion ; et d’ici « mi-novembre », distribution de bouteilles gratuites au-delà des 51 000 personnes déjà identifiées comme vulnérables et servies jusqu’à présent.
« Trois cents militaires et civils seront déployés à Mayotte pour assurer la logistique de cette distribution », indique le communiqué de la première ministre Elisabeth Borne, qui invoque « un devoir de solidarité nationale au profit de la population mahoraise ». La grande majorité des approvisionnements supplémentaires proviendra de l’Hexagone. L’intégralité des stocks stratégiques de la Réunion pourra être mobilisée. Les décisions en cours n’impacteront pas la fourniture d’eau du département.
« Nous sommes engagés dans une course contre la montre. Il faut tenir jusqu’en janvier », précise le ministre délégué aux outre-mer, Philippe Vigier. Ni la pluie, ni le retour à la normale du réseau, ne sont attendus avant le début 2024. Et dans l’île, tout le monde craint le « zéro goutte » au robinet avant les nouveaux arrivages d’eau.
Les coupures imposées deux jours sur trois depuis le 4 septembre, la mise en place de rampes à eau, n’ont pas suffi à gérer la pénurie. Les besoins quotidiens, estimés à 44 000 m3, ne peuvent être satisfaits par la production d’eau, inférieure à 20 000 m3/jour, tandis que les fuites et ponctions illégales sur le réseau sont estimées à 15 000 m3/jour. Les retenues collinaires n’ont jamais été aussi faiblement remplies et seront à sec fin octobre « dans l’état actuel des choses », reconnaît le préfet du département Thierry Suquet.
« Nous allons demander des efforts de plus en plus importants », avait convenu Philippe Vigier lors de sa visite les 27 et 28 septembre, qui attend des élus locaux qu’ils fassent passer le message auprès de la population. L’un des scénarios envisagés à partir de la mi-octobre est une réduction de moitié des périodes d’approvisionnement. Autrement dit, de l’eau au robinet seulement un jour sur quatre. Avec deux fois quinze heures de raccordement par semaine.
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