

Née en Israël il y a une quarantaine d’années, Michal Svironi a déjà créé une dizaine de spectacles avec lesquels elle tourne régulièrement dans son pays mais aussi en Europe, en Asie et en Afrique. Elle aime mêler les genres et les disciplines artistiques, à l’image de sa formation éclectique : le théâtre (Ecole Jacques-Lecoq) ; le mime (Ecole Marcel-Marceau et Ecole de mime corporel dramatique de Paris) ; les marionnettes avec François Lazaro ; le clown contemporain avec Eric Blouet ; la thérapie par les arts avec Meera Hashimoto. Dans les loges du Mouffetard – Centre national de la marionnette, à Paris, où elle est à l’affiche, jusqu’au samedi 14 octobre, avec sa création Carte blanche (2021), elle revient, en français – qu’elle parle couramment, comme l’hébreu et l’anglais, avec une légère pointe d’accent – sur sa vocation d’artiste multicasquettes et sur le thème central de son seule-en-scène : le poids de l’héritage familial.
Comment en êtes-vous arrivée à mélanger plusieurs disciplines artistiques dans un même spectacle, notamment les marionnettes et la peinture ?
J’ai toujours voulu faire du théâtre et des arts plastiques. L’idée d’être comédienne m’est venue assez tôt, quand j’ai perdu mes grands-parents, parce que je pensais que c’était une manière de survivre, de devenir immortelle. Petite fille, j’ai vu une photo de Marilyn Monroe et je me suis dit : « Elle est déjà morte depuis longtemps, et pourtant elle est encore là. » Depuis, j’ai beaucoup changé de style. De Marilyn Monroe à Pina Bausch, jusqu’à ce que je fais maintenant sur scène. Mais j’ai toujours rêvé de mélanger les deux, théâtre et arts plastiques. C’est pour cette raison que j’ai commencé à m’intéresser aux marionnettes, aux masques, à tout ce qui est en rapport avec les arts plastiques dans le théâtre et, petit à petit, je suis devenue une professionnelle dans ce domaine. Avec un intérêt particulier pour les matières.
J’ai exploré différentes pistes afin de trouver mon propre langage scénique. Je suis passée notamment par le théâtre-cuisine, qui m’a permis de mêler deux côtés, le côté très pratique, concret, et de l’autre, le côté symbolique, poétique aussi. J’aime ce mélange entre les deux côtés. J’ai notamment utilisé le chocolat comme matière première dans l’un de mes précédents spectacles, La femme qui respire trop !.


Pour la peinture, j’ai dessiné pendant des années en cachette, en ne montrant mes œuvres à personne, même pas à mes meilleurs copains. Mais un jour, je me suis dit : « Bon, je vais avoir 40 ans, je veux vraiment faire ça, dessiner, il faut que ça sorte, il faut que je l’assume. » Et pour la première fois, lors d’une résidence avec Johnny Tal [coauteur du spectacle Carte blanche et musicien], j’ai osé me lancer et faire une impro avec du papier et du maquillage. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une vraie carte blanche, où je viens sur scène avec des grandes toiles et des couleurs, plein de couleurs.
Il vous reste 42.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
The original post(article) was published on Le Monde - Culture